1975 : Le premier enduro du Touquet par Philippe Klein :
Dans une ville morte, pas un troquet, pas une boulangerie d'ouverte, rien que nib ... le désert total. Pas un pékin dans les rues, pas d'hôtel à part le 15 étoiles en face du palais de l'Europe... là où couchent les inters... Pour nous (je dis "nous", parce qu'on est 2 amis a s'être inscrits à cette course.) On dispose d'un Ford Transit hors d'age aménagé en dortoir, d'une remorque 2 motos sur laquel trônent 2 trails si si ... 2 XL 250 Honda ... à peine préparés... Une paire de pneus cross, un moral d'enfer et roule ma poule. On arrive le samedi dans la matinée. Pour trouver le palais de l'Europe c'est facile, même sans gps.On descend les motos et ... on affronte le contrôle technique.
Plutot bon enfant à l'époque : c'était le bon temps ou tu pouvais rouler avec une YZ400 affublée d'un WW garage et d'une plaque phare alimentée par une pile électrique. Bref nos deux machines full stock passent sans aucun problème.
On coure en "gentleman ou débutant", c'est notre troisième course. C'est après qu'on comprendra que partant en général les derniers c'est vachement plus dur qu'en national. Bref reste l'après midi à flâner et arpenter les dunes histoire de s'imprégner du sable et de la beauté des lieux. La nuit tombe vite en février et le froid aussi. On a décidé de camper sauvage dans les dunes... (enfin aujourd'hui quand on revient au Touquet complètement défiguré, c'est plutôt au milieu des immeubles en front de mer).
Bref le Ford transit est posé dans le sable et on improvise un p'tit barbeuk ... problème il fait si froid que nos steacks ne veulent pas griller posés sur la grille ! Passe alors un mec du coin ... BCBG, propre sur lui et qui se demande bien qu'est-ce que c'est que ce bordel dans sa ville (y'a pratiquement pas d'affiches et encore moins de spectateurs). Juste des motards éparpillés dans tous les coins... Enfin pas nombreux non plus, y'a 289 concurrents. On discute le bout de gras et on lui explique que devant chez lui demain à 10 heures va y-avoir une course moto... Du coup il s'aperçoit qu'on galère velu pour faire cuire notre bouffe, et il se propose de la faire cuir chez lui. Ce qui fut fait ...Il nous proposa même de prendre le p'tit dèj chez lui le lendemain matin : C'est dire si l'on devait faire pitié à camper dans le sable !
Reste la nuit glaciale...
Au matin le toit du camion est couverte de rosée... Ah non tout compte fait c'est de la glace. Avantage quand on part, le sable est dur et on sort facilement. Ptit dèj chez le bourge, lequel s'est levé à l'aube un dimanche pour nous trouver des croissants chauds... Quelle vue de sa salle à manger sur la mer ... Dire qu'aujourd'hui sa baraque doit avoir vu sur des km d'immeubles plus moches les uns que les autres.
Direction le palais de l'Europe. Les motos démarrent sans soucis : c'est des Hondas quand même... Direction la plage. Remontée de la rue Saint-Jean. Dans un nuage de fumée, ça sent bon le 2 temps... le raffut est énorme... c'est un joyeux bordel jusqu'au sable...
Après faut se trouver un chemin sur la ligne de départ. On est pas encore très nombreux, mais c'est le premier départ en ligne de cet acabit. Putain ça impressionne !!! YYYarrgglllaaa faut y aller gggazzzzz !!!
Le sable est dur sur la plage : ça tient super bien mais bon avec les XL nous sommes vite largués par toutes les machines d'enduro 2 temps... Enfin non,pas toutes ... on en rattrape pas mal car beaucoup avaient oublié qu'on était au niveau de la mer et n'avaient pas adapté leur carburation en conséquence... Bref ... y'avait des serrages à la pelle. Et puis l'avantage d'être moins vite au départ... ça nous à permis d'éviter de chuter à cause de ces rigoles de remontée de mer qui couvraient la plage. On a appris à les éviter en voyant les autres se vautrer dedans...Ca y est c'est bon on est au bout ... Un virage à gauche et on rentre dans les dunes... enfin on rentre, putain y'a des motos partout ... en plus comme on arrive dans les derniers, bah il ne reste que l'option "prendre son ticket et attendre". 200 motos de front pour un goulet ou l'on ne passe au maximum qu'à 3 ou 4 ça fait un peu juste. Bref ... une p'tite demi heure avant de pouvoir retrouver le chemin des dunes et le plaisir d'en chier un max ... le sable on ne savait pas ce que c'était ... la boue de Gaillefontaine, oui, mais ça n'a rien à voir. La t'en chiait tout le temps... Le XL n'avait pas suffisamment de puissance pour nous propulser en haut des dunes, mais bon c'était trop bon ! Sauf quand tu entendais un mec gueuler derrière toi, un inter qui te prenait déjà un tour... t'avais 3 secondes pour te jeter dans les genêts ou alors c'est lui qui essayait d'y passer...
Même si on a pas fini y'avait le désir immense d'y retourner l'an prochain. On l'a même fait en side l'année ou l'on a accepté les sides... avec le même 250 XL réalésé à 305 cm3 et avec un side construit d'après des photos ! Putain c'était l'bon temps... Voila c'est des souvenirs de vieux...quoique que je roulais encore y'a pas longtemps sur une WR 250 Husky de 83 et qu'il me reste encore 5 motos dans le garage...
Philippe Klein |